C'est dans le secteur de la viande que les deux puissances divergent. En 1995, chaque pays produisait 15 millions de cochons par an, la France en produit aujourd'hui 20 millions, l'Allemagne deux fois plus. La politique des bas salaires encouragée par les lois Hartz a bien sûr dopé la compétitivité allemande. Le « hard discount » a aussi obligé les industriels à resserrer leurs coûts de production, ce qui a tiré l'ensemble des prix vers le bas.
Le dumping social n'explique pas tout. Les Allemands ont aussi poussé leur avantage en investissant massivement dans l'industrie de transformation, là où la création de valeur est la plus forte. Avec l'appui des autorités publiques. Pour préparer les agriculteurs à la fin de la PAC, Berlin a privilégié le découplage des aides aux subsides liées à la production et, par ailleurs, a utilisé les fonds débloqués pour le développement rural pour financer des projets industriels innovants, la France a fait un autre choix, en saupoudrant les fonds sur l'ensemble du territoire.
Comment les agriculteurs français comptent-ils rattraper leur retard ?
Pour le président de la FNSEA, Xavier Beulin, l'allègement des cotisations sociales est indispensable, le combat du principal syndicat agricole rejoint celui du Medef. Les exploitants vont donc suivre avec intérêt les négociations ouvertes aujourd'hui pour définir le pacte de responsabilité. Le dirigeant du syndicat agricole réclame aussi la simplification des normes sociales et environnementales. En donnant l'exemple des délais pour créer une unité de production de gaz à partir du méthane émis par les vaches.
En France, trois ans d'instruction sont nécessaires, huit mois en Allemagne. L'autre axe privilégié par la FNSEA, c'est le marketing, avec la promotion des labels par produit ou par région qui permettent de créer de la valeur. C'est donc en jouant sur toute la gamme des produits existants, que l'agriculture française espère retrouver des couleurs au niveau national comme à l'export. En revanche, le syndicat ne s'est pas encore converti aux charmes du bio, le marché est pourtant en progression constante en France comme le démontre une récente étude. Il a gagné 3% en 2013.